Pour répondre aux trois grands défis actuels du système de santé français (baisse des coûts liés à la santé, amélioration de la prise en charge des patients et réduction de la fracture médicale), la France a choisi de miser sur la e-santé en déployant dès 2018, la stratégie « Ma santé 2022 ». Ainsi, si les Français sont de plus en plus adeptes de santé numérique avec notamment 88 % d’utilisateurs de services en ligne comme Ameli.fr (67 %) ou de plateformes de rendez-vous en ligne (59 %), quelles sont les grandes tendances e-santé pour 2022 ?
Généralisation de la télésanté
Dans les mois et les années à venir, la télésanté qui regroupe 5 grands types d’actes médicaux opérés à distance — téléconsultations, téléexpertise, télésurveillance médicale, téléassistance médicale et réponse médicale — devrait se continuer à se développer, et ce, pour plusieurs raisons.
- Suivi de la santé des patients simplifié.
- Réduction des déplacements des patients et des professionnels de santé.
- Accès aux soins facilité.
- Lutte contre les déserts médicaux.
- Délai de prise en charge raccourci.
- Gain de temps pour tous.
En 2020, pas moins de 19 millions d’actes de télémédecine majoritairement effectués par des médecins psychiatres, endocrinologues, pneumologues et pédiatres ont été remboursés par la Sécurité sociale.
Les objectifs à venir en matière de télémédecine ? Augmenter le nombre d’objets connectés et notamment de cabines de télémédecine disponibles sur le territoire, développer la réalité virtuelle en médecine et démocratiser la téléchirurgie.
Une nouvelle solution numérique : les thérapies digitales
Les thérapies digitales ou digital therapeutics en anglais (DTx), forment un ensemble de solutions médicales capables de remplacer, de compléter ou d’augmenter les effets d’une thérapie classique. Selon une étude publiée par TechToMed en 2022 qui cite le rapport « Are digital therapeutics poison or tonic for drug companies ? » publié par Juniper Research en mai 2019, le marché des thérapies digitales devrait bondir de 2 milliards de dollars à 32 milliards d’ici à 2024.
En France, citons Diabeloop, une solution de thérapie numérique pensée pour automatiser le traitement du diabète de type 1. De son côté, Deprexis, une thérapie numérique destinée à accompagner les personnes souffrant de dépression, est déjà remboursée en Allemagne. Elle devrait prochainement arriver en France.
Toutefois, si les thérapies digitales sont particulièrement utilisées pour suivre et accompagner les traitements des maladies chroniques, la santé des femmes (FemTech), les troubles du sommeil ou encore la santé mentale et les addictions, leur adoption reste progressive.
Les objectifs à venir en matière de thérapie digitale ? Clarification des fonctionnements, sécurisation des données de santé et validation plus large par le corps médical pour permettre un développement plus important de ce type de solutions à travers le monde.
L’Internet of Medical Things pour des patients acteurs de leur santé
Les objets connectés en santé représentent une véritable révolution pour les patients, mais aussi pour les soignants. Agrémentés de capteurs, ils permettent de mesurer et de transmettre en différé ou en temps réel, des données biométriques précieuses. Il s’agit par exemple du pèse-personne connecté, du tensiomètre connecté ou encore d’une station de santé connectée capable de mesurer instantanément les constantes de la personne qui l’utilise.
Avec 161 millions d’objets de santé connectés en 2020, l’internet des objets médicaux n’a pas fini de faire parler de lui.
- Plus grande autonomie des patients en matière de prévention et de suivi de leur traitement, spécialement dans le cas de maladies chroniques.
- Surveillance à distance facilitée pour les patients fragiles, en ambulatoire, ou après le retour à domicile.
- Optimisation du parcours de soin.
- Renforcement de la relation patient/médecin grâce à une meilleure compréhension des conseils et des protocoles de soin.
Les objectifs en matière d’IoMT ? Accroître encore l’adhésion de la population, favoriser l’accès aux objets connectés de santé pour tous, optimiser la gestion des flux de données et augmenter toujours le niveau de sécurisation des données de santé privées.
Le prolongement des HealthTech : l’intelligence artificielle
En matière de santé numérique, l’IA et le Machine Learning se présentent comme deux solutions pour recueillir, analyser et exploiter des données. Ces deux technologies sont particulièrement intéressantes pour automatiser les tâches récurrentes comme le triage et l’orientation des patients dans les hôpitaux et les centres médicaux, mais aussi pour l’aide au diagnostic, le suivi prédictif des patients, le développement de la recherche, ou la chirurgie assistée par ordinateur. On estime que l’intelligence artificielle et les technologies connexes utilisées en e-santé pourraient atteindre leur plein potentiel d’ici 2030.
Les objectifs en matière d’IA appliquée à la santé ? Optimiser le suivi du patient en temps réel et la répartition des journées des professionnels de santé, automatiser toujours plus de tâches administratives et améliorer la gestion prévisionnelle des besoins et des stocks (matériels, médicaments…).
L’e-santé dans le monde
Télémédecine, applications mobiles de santé, objets connectés, surveillance des patients à distance, nouveaux usages organisationnels et digitaux, diagnostic prédictif… partout à travers le monde, les pratiques numériques de santé se développent pour favoriser la prévention des maladies, la précocité des diagnostics et l’accès aux soins, mais aussi pour optimiser le fonctionnement des systèmes de santé, le développement de nouveaux traitements et le temps de récupération des patients.
Dans le futur, les différents acteurs du secteur ainsi que les autorités régulatrices en matière de santé numérique, devront cependant veiller à l’égalité de développement des pratiques en e-santé à travers les continents, à la disponibilité des technologies permettant l’adoption de la e-santé par tous, à favoriser l’interopérabilité des protocoles et à accroître les niveaux de protection des données privées de santé.